Je m’appelle Noëmie et je suis confinée depuis 22 jours à Paris.

Avec les recommandations sanitaires, depuis trois semaines nous prenons conscience de certains gestes réflexes. Comment par exemple, nous passons notre temps à nous toucher le visage. Et combien il est difficile de les proscrire à chaque sortie. Ces gestes d’autocontact qui nous rassurent, ou révèlent nos émotions. Quand nous nous lavons les mains, on se croirait dans une série médicale. Nous frottons, frottons, veillons à ne surtout pas oublier le haut des phalanges, ou le pouce.

Et en médiation, avons-nous conscience de l’importance des corps dans la rencontre avec nos publics ?

Malheureusement, très souvent, on insiste surtout sur le contenu du message ou la prise de parole. Quelle vulgarisation des informations scientifiques, quelle représentation graphique des données, quelle portée de voix ?

Et pourtant, dans la communication avec les publics, dans la transmission du contenu, l’ensemble de notre corps est impliqué. Il envoie des messages, interprétés, de manière assez inconsciente.

Comment, alors, utiliser nos gestes pour accompagner notre discours, illustrer avec des « prosignes » précis les concepts énoncés ? Comment mieux décomposer les gestes techniques pour les transmettre, ou interpréter les signaux corporels envoyés par les publics ?

Il serait vraiment utile d’analyser davantage l’ensemble de nos mouvements en médiation, et de l’intégrer à la formation au métier. C’est pour cela que nous accompagnons des travaux de recherche sur les gestes professionnels en médiation, que nous avons conçu avec un expert de l’accessibilité des modules autour de la gestuelle et de la communication non-verbale. Et que nous militons pour une réflexion sur les postures de médiation, dans toutes les acceptions du terme.

Ces trois semaines de solitude dans mon appartement parisien, à épier les mains de mes voisins pendant les applaudissements quotidiens m’amènent à m’interroger sur la médiation en présentiel. Comment actionner davantage le corps de nos publics ? Quels rôles et fonctions des applaudissements ? Comment les gestes des visiteurs et visiteuses peuvent être des indicateurs quantitatifs pour évaluer l’atteinte de nos objectifs de savoir et savoir-être (démarche participative, compréhension d’un concept, autonomisation…) ?

Autant de questions que j’espère pouvoir partager avec vous quand nous aurons l’occasion de nous revoir en réel.

A distance, mais si proches.

 

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