Anne Jorro, Jamila Al Khatib et Marie-Josée Gacogne du laboratoire du Cnam-CRF ont apporté quelques éléments de réponse à l’occasion de la 8ème conférence internationale « Gesture studies : gesture and diversity », qui s’est tenue à Cape Town du 4 au 8 juillet 2018.

Lors de la 8ème conférence « Gesture studies : gesture and diversity », Jamila Al Khatib, Anne Jorro et Marie-Josée Gacogne du laboratoire du Cnam-CRF, ont présenté les premiers résultats d’une étude portant sur la prise de conscience des médiateurs.trices de leurs gestes professionnels. Mais comment caractériser un geste professionnel (Jorro, 2002) ? Il est toujours adressé vers le public et/ou le médiateur et doit atteindre un objectif. Son utilisation dépend du contexte environnant et il comporte une dimension éthique ; le médiateur a à cœur de soigner son public.

Notre étude s’appuie sur l’analyse de deux situations d’animation. L’une se déroulait au Louvre-Lens, où la médiatrice accueillait en visite guidée, un groupe d’adultes. L’autre avait lieu au Musée des Arts et Métiers. La médiatrice co-animait, avec un intervenant extérieur, un atelier pour un public familial.

Exemple de geste d'institutionnalisation.

Exemple de geste d’institutionnalisation.

Nos résultats ont montré qu’en début d’animation, le médiateur juge indispensable d’installer un cadre : il tente de capter l’attention de son public, en utilisant des gestes d’enrôlement et présente l’espace d’animation avec des gestes de désignation. Dans le cas d’une co-animation, le médiateur rajoute des gestes de présentation de façon à ce que les visiteurs identifient  clairement tous les intervenants. Dans la suite de l’animation, il reste très actif. En effet, le médiateur apporte les connaissances nécessaires sur les objets exposés, au travers des gestes d’explication et d’institutionnalisation. Il reste en alerte, pour établir des interactions avec les visiteurs, l’intervenant extérieur, le personnel du musée, etc. Il balaie l’espace d’animation du regard, et se questionne constamment pour adapter sa posture et ses gestes éthiques au besoin. Il s’appuie sur sa connaissance et sa maitrise des gestes professionnels pour être efficient.

illustration d'un support de communication utilisant le corps humain

Le corps, un support de communication. ©Cnam/Musée des Arts et Métiers

Ces observations mettent en évidence la prise de conscience des médiateurs de leurs gestes professionnels et du rôle important qu’ils font jouer à leur corps. Et voici une nouvelle question : comment transmettre efficacement ces gestes professionnels ?

 

Pour aller plus loin

  • Jorro, A. (2018). Les gestes professionnels comme arts de faire. Lille : Presses universitaires du Septentrion.
  • Jorro, A., Gacogne,M.J., Al Khatib, J & Ramsamy-Prat, P. (2017). Professionnal gestures: A museum educator at work. Social Science Information n°694774, Sage Publishing
  • Jorro, A. (2002). Professionnaliser le métier d’enseignant. Paris : ESF.

 

Un article de Jamila AL KHATIB, doctorante au CRF et membre du consortium de l’Ecole de la médiation